vendredi 16 janvier 2015


NANTES EN 2100 

Nous avons une certitude : Nantes en 2099 et en 2101 ressemblera à peu de choses près au Nantes de 2100. Par contre nous avons plus de difficulté à définir ce que sera Nantes en 2100.
A partir de l’Histoire de cette ville, quel genre de situation nous paraît déraisonnablement envisageable ?
De même que Nantes n’a pas toujours existée, il est logique de penser qu’elle puisse disparaître à nouveau après un certain nombre de « Grenelle de l’environnement » conduisant irrémédiablement à la suppression radicale et autoritaire de toute agression urbaine à l’encontre d’un fleuve tendant à redevenir, entre temps, totalement sauvage.
Avant chaque démolition ordonnée, les archéologues auront frénétiquement (les archéologues sont toujours frénétiques) relevé toutes constructions, voies, avenues, égouts et autres réseaux souterrains afin de sauver la mémoire de la ville au profit des générations futures et en particulier des visiteurs et touristes émus devant la grande beauté du ce nouveau paradis terrestre.
Comme ce fut le cas jadis, la Loire ayant retrouvé sa sauvagerie originelle ne passera plus dans son lit actuel mais aura repris son cours primitif, au-delà du Sillon de Bretagne du côté de la Vilaine.
Quelques éminents Architectes-Paysagistes de renommée internationale, suite à un grand concours tout aussi international, auront pour mission de réaménager le site ainsi abandonné par la Loire en semant du gazon là où passait l’eau, restituant par ce geste de grand talent la trace originelle du fleuve. Cet immense engazonnement sera recoupé régulièrement par quelques traversées piétonnes en bon granit breton, là où jadis passait un pont, ce qui, avouons le, sera tout de même plus confortable pour y donner des bals, chassés depuis trop longtemps des anciens ponts de Nantes.
« Dites-moi donc, mon bon, c’est bien joli tout ça, mais où vivront donc les Nantais en 2100 ? »
Dans un « Lieu unique » qui rassemblera, comme son nom l’indique, la grande diversité de ses habitants. Ils ne s’appelleront plus des Nantais, terme considéré comme trop folklorique et suranné  mais des « Gens uniques », autrement plus fédérateur pour une Agglomération ayant vaincu les réticences Nazairiennes et Angevines à la fois.
Ce lieu unique sera souterrain, underground comme on disait jadis, les permis de construire n’étant accordés que pour des implantations souterraines. Les « plans d’occupation du sol » seront devenus depuis longtemps les « plans d’occupation du sous-sol » et la totalité du territoire sera classée en une zone unique dénommée « Zone naturelle » où aucune construction ne viendra gâcher le paysage.
C’est alors qu’un grand élan d’amour s’instaurera entre la population et les urbanistes-Architectes enfin respectueux de l’environnement. Les grands ensembles seront devenus des grandes galeries et les nouveaux ensembles commerciaux des Nouvelles Galeries. Les immeubles tours deviendront des immeubles puits. Les lotissements seront des fromages de gruyère sans gruyère dont les jardins seront uniquement des champignonnières. La circulation automobile sera exclusivement souterraine et les embouteillages auront donc lieu en cave où les boites de nuit retrouveront leurs lieux de prédilection.
Les vacances d’été se prendront dans des bases sous-marines et les pêcheurs à la ligne deviendront des pêcheurs sous-marins. On ira aux sports d’hiver dans des stations aménagées dans les parties invisibles des icebergs potentiellement beaucoup plus exploitables que les parties visibles. On y  pratiquera le ski de fond et pour les plus entrainés, le ski de grands fonds.
Ce sera enfin le bonheur !
Tout ça parce qu’un jour, un idiot a dit : « Pour vivre heureux, vivons cachés »
J’oubliais : Nos responsables politiques régionaux, après un débat de haute tenue intellectuelle et morale, décideront certainement d’abandonner le nom actuel de notre département pour revenir à l’appellation ancienne de « Loire-inférieure » 

 

dimanche 11 janvier 2015


Mardi soir 6 janvier nous sommes allé voir au cinéma Eden d’Ancenis (une demi-heure de Nantes) un film de 1960 réalisé par Henri Fabiani.

Extrait du document de présentation :

« C’est l’histoire de Alain (Jacques Higelin), un jene homme qui vient de quitter ses parents et se retrouve perdu à Saint-Nazaire, dans l’environnement des chantiers navals, au moment de la construction du paquebot France.
Il y rencontre la solidarité et la camaraderie auprès d’un ouvrier caréneur (Henri Crolla) et l’amour auprès d’une jeune employée des chantiers (Irène Chabrier). Il rêve d’une vie où « on ne perd pas sa vie à vouloir la gagner ».
Jacques Higelin et Henri Crolla forment un duo irrésistible. Crolla, musicien autodidacte né à Naples, disciple de Django Reinhardt, offre de grands moments de virtuosité, parfois accompagné par le tout jeune mais déjà prometteur Jacques Higelin.
Le film, initialement intitulé « Au bout la soupe » (1) témoigne de l’attachement profond que porte Henri Fabiani à ce qu’on appelait encore la classe ouvrière, qu’il dépeint avec minutie et empathie.
Au-delà de la fiction, on reconnait le documentariste dans ses prises de vue magnifiques, en particulier des chantiers navals de Saint-Nazare lors du lancement du paquebot « FRANCE » (1) « Au bout la soupe » soit : le travail fait, la paye.
Le titre du film : « LE BONHEUR EST POUR DEMAIN »
Le lendemain, mercredi 7 janvier un attentat contre le journal « Charlie hebdo » faisait 12 morts.
Malgré l’horreur de ce réveil du mercredi, avec les journalistes de Charlie, les autres victimes de ces trois jours, avec leurs amis et leurs familles, avec les foules dans les rues, avec des larmes plein les yeux, il faut continuer à y croire :
« LE BONHEUR EST POUR DEMAIN » 
Henri Crolla et Jacques Higelin

mardi 6 janvier 2015


LES VINS DE LOIRE 

Les 20 de Loire sont, paraît-il, deux  fois moins nombreux que les 40 voleurs. La chose ne manque pas de faire naître une certaine inquiétude, d’autant que nous venons d’apprendre que ces même 40 voleurs seraient deux fois moins nombreux que les 80 chasseurs.
Y aura-il assez à boire pour tout le monde ? On se perd en conjecture et les populations viticoles ligériennes se barricadent dans leurs caves en envoyant des émissaires au gouvernement pour obtenir la déclaration d’état de catastrophe naturelle.
Nous comprenons parfaitement que beaucoup d’entre vous n’en aient strictement rien à faire et sont déjà passés à l’ennemi entre Rhin, Rhône, Garonne ou tout autre nom de rivières, de ruisseaux à leur convenance, nom propre ou commun de leur choix.
Qu’y pouvons-nous si cette tendresse particulière pour les vins de Loire nous vient d’une jeunesse où le vol des fonds de burettes d’enfant de chœur était balbutiements d’une éducation au plaisir et les premiers symptômes d’une maladie d’amour incurable?
Bien sûr, il faut en convenir: tous ces vignobles flirtant avec le cours de la Loire entre Roanne et Nantes, vautrés sur ses flancs ensoleillés jusqu’à mourir au bord de son lit généreux, ça peut en irriter beaucoup ! Il en est même certains parmi nous qui commencent à trouver que le tintamarre  des flonflons ligériens prendrait un curieux accent de marchands du temple électoral.
Halte au terrorisme d’un cours d’eau dont la sauvagerie n’aurait, paraît-il, pas d’égal dans notre belle France.
Et voilà que de nouveaux missionnaires ne se sentant plus missionner depuis l’inscription  de notre sauvage territoire au patrimoine mondial de l’UNESCO voudraient labelliser à tout va nos populations poétiquement égarées dans de jolies fêtes païennes.
Au dire de ceux qui se sont laissé prendre, se faire labelliser, ça fait très mal ! Moi même qui vous parle, j’ai failli subir l’infamie: je n’ai pas entendu le Père Unesco s’approcher doucement par derrière. Fort heureusement, mon odorat m’a sauvé car un Père Unesco, ça sent fort le patrimoine et quand c’est du vieux patrimoine, ça sent encore plus fort, un peu comme un fromage de moine trappiste, voyez-vous ?
On en viendrait même à nous déclarer  aujourd’hui avec une autorité déconcertante que « Nul n’est censé ignorer la Loire » et donc par voie de conséquence : « Au nom de la Loire, je vous arrête ! »
Aussi, dès aujourd’hui, nous, citoyens « sans foi ni Loire », nous nous déclarons à qui veut l’entendre, définitivement « Hors la Loire », la leur, pas la nôtre !