mercredi 10 avril 2013


REFLEXIONS A PROPOS DE L’AEROPORT NOTRE-DAME DES LANDES 

Une question :  
Sommes-nous certains de la totale objectivité de « nos décideurs » en regard de la juste appréciation de l’opportunité d’un tel projet ?
Des années de responsabilités et de pratiques du pouvoir au sein des grandes Collectivités intégrant la prise en compte des ambitions et des contraintes sociales, économiques et culturelles ne vous enferment t’elles pas dans ce monde de responsables politiques et économiques de tous bords avançant dans le même sens, d’une manière homogène ? Ce même sens que nous appellerons celui du progrès, du développement, de la marche en avant et des ambitions forcenées de paternités. (conf. L’ouvrage de Jean-Claude Michéa : « Le complexe d'Orphée : la Gauche, les gens ordinaires et la religion du progrès, Climats, 2011»)
L’adhésion convaincue que l’on peut porter en tant que simple citoyen au projet politique de tel ou tel élu, Président de Département, de Région ou Maire de grande ville ne peut occulter la question essentielle qu’il est fondamental de se poser : Quelle serait l’opinion de ces même décideurs dans nos habits de simple citoyens ?
En inversant la réflexion, peut-on imaginer aujourd’hui qu’un Président de Région, de Département ou de Communauté Urbaine puisse brandir en toute sérénité l’étendard  de l’opposition à l’Aéroport de N-D des Landes ? Il lui faudrait bien du courage !
Qu’en pense-il, en réalité, au fond de lui-même ?
Les citoyens de notre Région, en particulier, n’ont pas tous un avis tranché sur la vaste question de l’Aéroport, mais tous ont un droit inaliénable de pouvoir exprimer leurs propres convictions et interrogations, et ce avec la certitude que leur statut de simple citoyen leur confère les meilleures conditions d’une véritable objectivité.
 

vendredi 5 avril 2013



NOS IVRESSES A L’ENVERS
 

Dans nos dérives nantaises, nous avions pris l’habitude de suivre nos pistes à l’envers. Ceci après avoir pris conscience  que les avatars de comblements du fleuve avaient en quelque sorte inversé la perception et le fonctionnement naturel de la ville.

Ce qui était pour tout le monde une originale fantaisie de joyeux désœuvrés  correspondait pour nous à une véritable démarche militante au service d’une imprégnation patrimoniale de la cité.   

Faire tout à rebrousse poils ou à rebrousse chemin était devenu une sorte de jeu de provocation des pratiques et des usages communs.

Initiés et encouragés par d’éminents écrivains dont le plus emblématique fut Antoine Blondin, nous traînions nos « Humeurs vagabondes » le long des quais qui nous poussaient parfois à jouer les « Singes en hiver » sur les plages désertes et ventées de Pornic. Nous allions en bord de mer en hiver et prenions nos bains de soleil aux terrasses désertes des cafés de la ville en été.

Ces jeux de jeunesse qui en soi nous comblaient parfaitement réservèrent très vite quelques aventures inespérées. Peut-être bénis des Saints du paradis surréaliste, que notre démarche attendrissait, nous avons très vite compris que notre culture de la chose à l’envers devenait source d’événements et de rencontres auxquels échappaient ceux qui allaient « dans le bon sens »

André Breton nous avait accordé sa grâce divine,  en nous soufflant cette phrase initiatique et aujourd’hui souvent galvaudée: « Nantes : peut-être avec Paris la seule ville de France où j’ai l’impression que peut m’arriver quelque chose qui en vaut la peine, où certains regards brûlent pour eux-mêmes de trop de feux (je l’ai constaté encore l’année dernière, le temps de traverser Nantes en automobile et de voir cette femme, une ouvrière, je crois, qu’accompagnait un homme, et qui a levé les yeux : j’aurais dû m’arrêter), … »

Qui était cet homme accompagnant l’ouvrière ?

Et puis, qui était cette femme du « Musée noir » croisée et suivie par André Pieyre de Mandiargues dans le Passage Pommeraye et dans quelle demeure du quai de la Fosse pénétra-t-il à sa suite ?

Qui était le roi Bacco ?   

Nous nous sommes arrêtés souvent devant des portes ouvertes qui allaient fermer ou devant un regard brûlant qui allait s’éteindre. Nous passions des heures inutiles à écouter les mots dérisoires d’une barmaid endormie.

C’est en reprenant la piste de ces interrogations que nous avons inauguré, un soir, une dérive « à l’envers » du quai de la Fosse en fixant son point de départ là où jusqu’alors  et quand tout se passait bien, nous l’achevions.

Venant de la mer, les navires, les marins, les voyageurs, depuis des siècles découvraient la ville de Nantes en remontant la Loire par l’ouest pour y pénétrer et accoster, le long des quais, au cœur de la cité.

Puis, progressivement, tournant le dos à son fleuve, évolution symbolisée par la volte-face de l’emblématique Palais de la Bourse, celle-ci institua progressivement de modernes pratiques urbaines que nos divagations nocturnes s’acharnèrent à mépriser.
 

Il existe quelque-part à Nantes
Un noir chemin long de dix pas
Où des humeurs incandescentes
Roulent des vagues sous mes pas. 

S’il fut un temps une autre rive
C’est un endroit fait de jets d’eau
Où Breton dit que tout arrive
Et de néons d’Eldorado. 

Le dérisoire des éphémères
Traçait ma ville vers le quai
La Loire m’était une étrangère
Le vent d’estuaire me manquait 

Et puis de bordées en largesses
Au dernier bistrot du matin
Tout à l’envers de mes ivresses
Je redessinai mon chemin. 

A la marée des grands navires
J’ai fait le voyage à l’endroit
La belle Hôtesse au nom Elvire
Servait à boire au même endroit. 

Que veux-tu, Jean-François de Nantes
La Loire est là sous les pavés
Dansent les mâts de la fringante
Dans le reflet des rues mouillées.